Michel Birot
Michel Birot (1953 – 2012), l’œil du photographe et l’amour du rugby. Pendant près de 20 ans, il a fait ressortir, en noir et blanc, toute la beauté et l’intensité de ce sport. Sur le bord du terrain, dans les vestiaires, sur la pelouse ou en dehors, il était partout où le ballon ovale rythmait la vie.
Issu de la photo de mode et de reportage (Réalités, Dépêche Mode, Biba, 20 ans ou le Figaro Magazine) c’est en 1994 qu’il se consacre à l’ovalie. Auvergnat de naissance ayant grandi à Toulouse, c’est en habitué des terrains, suiveur attentif et fin connaisseur, qu’il démarre sa carrière dans la photo de rugby.
Il travaillera entre autres pour Libération, couvrira la coupe du Monde en 1995 et de nombreux autres événements majeurs. Mêlant l’intensité des combats sur le terrain et l’ambiance feutrée des vestiaires, il deviendra l’œil de l’équipe de France, nombreux sont les joueurs qui se rendront pour un portait dans son studio du 13ème arrondissement, de Frédéric Michalak à Fabien Galthié en passant par Christophe Dominici ou Emile Ntamack.
En 1998, il créé avec sa femme Hélène, le magazine Attitude Rugby, magnifique trimestriel qui allie ses deux passions, le rugby et la photo. Forts de ce succès, ils déclineront ainsi Attitude Rugby autour d’autres sports comme la Voile ou le golf.
Michel Birot, est décédé en 2012. Une partie de son œuvre est visible sur ce site internet et dans les galeries partenaires.
« Dans le monde du rugby, la légende veut qu’il y ait ceux qui jouent du piano – les arrières – et ceux qui les déménagent- les avants. Il faut ajouter à ce tableau quelques êtres discrets qui, du bord du terrain et du simple jeu de leur regard, font évoluer ce sport, ou plutôt son image. »
Michel Henry, Libération
« Michel Birot, les yeux du stade », 30 décembre 2012
Le rugby français perd son photographe
Extrait d’un texte d’Olivier Villepreux, Le Monde, « Le rugby français perd son photographe », 29 décembre 2012
« Après avoir couvert la Coupe du Monde 1995 pour Libération, il fonde en 1997 Attitude Rugby, un magazine luxueux qui tout en laissant une grande part à la photographie ouvrira ses pages aux écrivains, aux artistes en général et du rugby en particulier, pour sublimer ce sport qu’il voyait comme un hymne à la vie. Avec Philippe Rochette, journaliste à Libération, puis à sa suite l’écrivain Christian Montaignac, issu de L’Equipe, le rédactionnel va s’étoffer de références culturelles. On cherchera dans Attitude à débusquer l’humain au plus profond derrière les joutes en apparence les plus brutales. Avec ce magazine, Michel Birot écrira une ode à la masculinité, ce genre qui lutte pour concilier violence et douceur, dureté et fragilité. Le rugby serait le décor privilégié de ces paradoxes, ses images une forme d’empreinte antique sur une réalité plus triviale.
Le rugby doit beaucoup à Michel Birot pour l’avoir dépoussiéré ; sorti de ses clichés gaulois, il l’a hissé là où plus personne ne l’attendait, dans ce qu’il a de plus cérébral et de touchant, oui, disons-le aussi, d’intellectuel. »
[…]
« Michel Birot disait souvent qu’il faudrait plusieurs vies pour s’accomplir totalement, il est allé au bout de la sienne faisant naître des vocations d’écritures et de photographies chez ses plus jeunes collaborateurs au sein d’une rédaction hétéroclite réunie autour d’un sujet passionnel. Le rugby est un conflit et Michel Birot ne détestait pas l’affrontement sur la façon dont il fallait donner à ce sport la meilleure image de lui-même. Les rugbymans, eux, peuvent se flatter d’avoir attiré l’œil d’un si singulier photographe. »